RETOUR à PICADOR & NAUFRAGE
Nous étions seulement quatre, car René Francheteau, surnommé Nono, n’avait pas embarqué, pour des soucis de santé. Les premiers jours de pêche ont été fructueux malgré beaucoup d’avaries, car la marée était mouvementée. Il a fallu réparer en mer les chaluts qui s’étaient déchirés. La veille du retour au port, José prit la décision de terminer notre campagne dans le sud de Rochebonne, à 4 heures des Sables en marchant à 9 nœuds. On draguait à une profondeur de 100 mètres dans un endroit considéré comme tranquille pour terminer cette pêche. C’était le 9 mars 1982. Vers 12 heures, au moment du repas, nous accrochons le chalut au fond, toujours en pêche sur le côté. La mer était démontée par une houle de 10 mètres, mais avec un vent nul sur une mer d’huile, sans la moindre risée. On cherchait à remonter le chalut, mais c’était quasiment impossible : on virait quelques mètres d’un côté, on remontait un peu le chalut, on virait quelques mètres de l’autre, et ainsi de suite.
Après de nombreuses manœuvres le chalut est enfin remonté. Alors on découvre un engin cylindrique d’environ 10 mètres, peut-être une cheminée de cargo qui avait sombré. Avec l’effet de la houle l’engin cognait à l’arrière du bateau sous la ligne de flottaison : par la houle l’engin refaisait surface, passait au-dessus du pont et il fallait vite s’écarter, car il arrivait à plus de la moitié de la longueur du bateau. C’était impressionnant. José voulait trainer cet engin, jusque dans les roches. Mais à travers le hublot du rouf du moteur, on apercevait des giclées d’eau qui remontaient par la courroie du treuil. Le signal d’alarme qui venait pourtant d’être réparé, n’a pas fonctionné. Marcel, le mécanicien, nous demande d’actionner les pompes, mais le débit était trop faible pour contrer la voie d’eau. Le moteur s’arrête.
L’épave avait perforé l’arrière du bateau, entre deux membrures. José a le temps d’appeler par radio, « le Berceau de la Cité » ….. CB