En 1970 je passais mes brevets de permis de conduire « mécanicien » de 150 chevaux. En 1973 le « capacitaire » me permettait de prendre le commandement en remplacement quand mon frère devait rester à terre : ce qui donnait la possibilité de commander le bateau sans autre mécanicien. La préparation de chacun de ces diplômes exigeait 3 mois d’école. En pêche mon frère aîné et moi nous n’étions que tous les deux. C’était beaucoup de travail, car assurer le quart à tour de rôle, manœuvrer le chalut sur le côté à la main, faire la manutention du poisson, tout cela laissait peu de temps pour le sommeil.
La rémunération se faisait à la part. En tant que mousse je recevais une demi-part. A 14 ans, cette demi-part qui équivalait à la paye d’un ouvrier de l’époque, je la reversais intégralement à la maison. Au moment de la vente du poisson, il fallait déduire de la somme totale les charges de la criée, du comité local et de l’école des pêches. On soustrayait aussi les frais communs, (nourriture, gas-oil, glace) et les charges sociales (pension de retraite pour l’ENIM, (Établissement National des Invalides Maritime et une complémentaire maladie et accident). A l’époque, il était prévu 50 % pour l’armateur qui était souvent le patron du bateau et 50 % pour l’équipage, distribué ainsi : une part et demi pour le patron, une part et quart pour le mécanicien, une part pour le matelot, ¾ de part pour le novice et une demi-part pour le mousse. J’étais dans la catégorie novice, en principe (16-18 ans). En fait je me suis trouvé matelot dès 16 ans et demi, car le patron et l’équipage en ont jugé ainsi, en raison du travail fourni. C.B.
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