Pierre Brunet au micro d’Yves Vasseur : Au 1° juillet 1957, aussitôt le certificat d’études, j’embarque, deux mois et demi avant mes 14 ans, comme mousse en première catégorie, sur le chalutier, »Foederis Arca » du latin qui veut dire en français « Arche
Le Petit Pierrot
3
d’Alliance ». C’était un bateau en bois, classique de 14 mètres, dont le patron était Eugène Leduc. J’y retrouve mes cousins, Félix (mécanicien) et Charles Kirié, ainsi que René Marilleau, matelots.
Ma mère m’avait dit : « tu ne feras pas marin. » Mais j’étais très motivé pour ce métier. Quand j’étais en mer et que le temps était mauvais, elle perdait le sommeil. Pourtant, dès qu’il y avait une fenêtre météo pour sortir en mer, je repartais, en fonction des directives du patron. Les bateaux de cette époque naviguaient avec 5 ou 6 hommes d’équipage ; aux Sables il y avait environ 1 200 marins pour 180 chalutiers, thoniers et pinasses (bateaux à la journée). En 2011 il reste environ 200 marins pour 50 bateaux, en général des bateaux de petite taille.
LE JEUNE MOUSSE
C’était au plus jeune, le mousse de faire la cuisine. Faire à manger, à mes débuts, en fond de cale (près du poste équipage) avec toutes les odeurs de jus de poissons et de gas-oil, me donnait le mal de mer. Le pire, c’était bien l’odeur du jus de seiche. Sur le Foederis arca, il y avait une porte de communication entre la cuisine, et le compartiment moteur. Il fallait alimenter ce moteur de 90 chevaux toutes les 3 ou 4 heures, à partir d’une nourrice et d’une pompe à mains. Pour l’eau potable, une barrique de 100 litres d’eau douce constituait la réserve d’eau pour la semaine, essentiellement pour la cuisine. L’eau était puisée avec un siphon qui se désamorçait dans les coups de roulis. Il n’était pas question de s’en servir pour la toilette. A peine pouvait-on prendre un gobelet d’eau pour se raser. (C.B)
https://rcf.fr/vie-quotidienne/solidarite/pierre-brunet-2