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Tel fut le thème de la journée organisée aux Sables d’Olonne par le CCFD Terre Solidaire, la Mission de la Mer et l’association MERAVENIR. C’était le 30 janvier 2016 au lycée Notre Dame du Port.
Devant une salle de près de 200 personnes les responsables du CCFD en Vendée, Michel Toublanc et Thérèse BESSE ont présenté la journée : LA MER EN SOLIDAIRE : Défis et espoirs, un thème retenu pour plusieurs années, sous l’aspect de LA PECHE pour le département et la région Pays de Loire. Un livret réalisé sur les conseils d’Henriette Daout présentait des textes de référence, tirés du bulletin international « Apostolat de la Mer ».
Parmi les ACTEURS de la PECHE LOCALE on a entendu Yann Chagnolleau, patron pêcheur d’un chalutier, aux Sables. Il était interrogé par Clotilde Giraudeau, assistante sociale des marins et de leurs familles. Yann, fils d’un marin pêcheur, perdu en mer 1969, commence une formation à l’école des mousses des Sables. Il navigue comme matelot de 1980 à 85, sur le Biriatou, navire de Richard Rabiller, ici présent, puis sur son propre bateau acquis avec l’armement coopératif, local. A 52 ans Yann continue un métier qu’il aime, mais le court terme des quotas et les règlements imposés par l’Europe rendent les prévisions difficiles. « De nombreuses pêches nous sont fermées : chaque année on se demande qu’est ce qu’on va pouvoir pêcher, car cela change tous les ans. Je navigue depuis 35 ans. Les conditions de vie à bord ont bien changé. Avec un téléphone portable dans la poche, on peut être connecté en permanence ; on en arrive même à savoir les coups de filet des autres bateaux. L’équipage, ce sont des copains, on se connait : mon fils a voulu être marin. Après l’école de mécanique à Nantes, il est allé à la SNCM à Marseille. Il a continué par du cabotage et il est revenu à la pêche avec son propre bateau et deux jeunes matelots.
Interrogé sur la vie de famille quand on est marin pêcheur Yann répond : » Les femmes de marins doivent assumer à peu près tout sans leur conjoint. Quand on rentre de la mer et qu’on est fatigué, on n’a pas envie de lui demander de raconter.
FLORENCE PINEAU prend le relais « .Etre femme de marins? Sans doute, mais d’abord une femme qui vit une autonomie. Pour le mari embarqué, la mer a priorité sur son épouse qui arrive en second. Un travail est à poursuivre sur le rôle du père : ce n’est pas parce qu’il est absent que le père n’a pas son rôle dans la vie de la famille. L’absence physique est compensée par une présence morale quand la mère l’inclut ses décisions.
Les marins sont souvent fils de marins. Des gênes se transmettent, mais la plupart des femmes aujourd’hui ne sont pas issues du milieu maritime : dans 80 % des cas elles ont une situation professionnelle. . Aujourd’hui encore un jeune gagne bien sa vie, mais c’est dans un autre contexte. La pêche artisanale garde toute la place. Mon mari faisait du pélagique. Il y eut des époques d’euphorie dans l’armement. Mon mari, même s’il partait trois semaines, de St Jean de Luz jusqu’en Irlande, on vivait avec lui, sans téléphone portable. Aujourd’hui, (Florence est maire d’Olonne et vice président du conseil départemental), ce que je suis, je le dois au milieu maritime, pour avoir été entendue en tant que femme. »
La TABLE RONDE animée par JMarie Thuillier a permis un dialogue entre Robert Bouguéon, José Jouneau, Pierre Sarrazin, directeur du centre de marée et Patrice Dorie, mareyeur. Les questions écrites sont remontées, nombreuses, de la salle pour la table ronde.
Yves Vasseur présente MERAVENIR, cette association qui réunit le CCFD Terre Solidaire, la Mission de la Mer et la Pastorale du Tourisme. MERAVENIR a été créé, à l’initiative d’Henri Massiot, du CCFD Terre Solidaire, et de Gaston Vinet, de la Mission de la Mer, lors de l’évènement « Vendée-Globe » de 2012-2013. MERAVENIR par des Conférences, débats expos et internet, veut attirer l’attention de tous publics sur les enjeux et problématiques de la mer pour aider à un changement des mentalités et des pratiques. MERAVENIR veut contribuer à une meilleure connaissance de notre environnement et des écho-systèmes menacés. Des actions sont menées aussi en direction des jeunes publics. Ici et là-bas, en Europe et dans les pays du Sud.
A la mi- journée le pique-nique, dans les locaux du lycée Sainte Marie du Port, a multiplié les contacts entre les participants. Il y eut un temps pour réaliser une fresque vivante en plein-air et la photo-souvenir.
A la reprise du début d’après midi Alain Le Sann, (Lorient) ancien enseignant à la Fac posait la question : Quelles alternatives sont possibles dans la pêche, ici et dans les pays du Sud ? On parle de la pêche, parle-t-on aussi des pêcheurs ?
Le nombre de personnes travaillant dans la pêche s’accroit constamment : le plus grand nombre est dans le sud, et souvent dans une grande pauvreté. Des pratiques sont proches du pillage. L’Europe a quitté le Sénégal, alors les gros chalutiers chinois y sont arrivés : ils raflent deux millions de tonnes au large de l’Afrique, avec la complicité d’un certain nombre d’Etats, peu préoccupés des droits de l’homme. En fait il y a toujours eu de la surpêche. L’Australie au contraire fait de la sous-pêche, et de ce fait est considérée comme un pays acceptable quant à l’environnement, mais l’Australie pollue l’environnement et importe le poisson dont elle a besoin, depuis le Nord.
La logique du réchauffement est engagée jusqu’à la fin du siècle. Si l’agriculture est une production, la pêche une cueillette, et ce n’est pas d’emblée mesurable.
QUE PEUT-ON FAIRE pour AIDER LES PECHEURS ?
L’avenir est dans les mains des pêcheurs : soutenir les organisations des pécheurs dans les pays du sud pour qu’ils soient présents dans les organisations afin que n’y siègent pas uniquement les marchands de farine. En France seulement 20 % seulement du poisson consommé est pêché sur nos côtes.
La médiatisation du Vendée Globe profite aussi au port de pêche des Sables d’Olonne et aux marins-pêcheurs : un ancien thonier de Groix, qui pratique la pêche au thon à la ligne a le projet venir aux Sables à l’occasion du Vendée-Globe de novembre 2016.
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Au moment de conclure DES PISTES D’ACTION sont proposées par Thérèse Besse et Gaston Vinet :
Le but de la journée, c’était de faire connaitre, sensibiliser. A chacun maintenant de trouver les gestes qui peuvent être faits, Ecouter les petits. Agir avec les partenaires du pays du sud, ne pas leur imposer notre façon de faire : Moussa, invité par le CCFD Terre Solidaire et venu l’an passé, du Sénégal, pourrait revenir en novembre 2016.
Dans ce lycée des Sables d’Olonne les quelques 200 participants avaient aussi accès à un stand d’information sur le CCFD, un stand livres, un stand-boutique Artisans du Monde, un stand de boissons.
La salle de conférences avait été décorée par la Mission de la Mer, avec le grand pavois du bateau Biriatou de Richard Rabiller, des engins de pêche, des filets et la longue flamme du Vierge du Salut, bateau de Pierre Brunet.
Chacun est reparti avec le sentiment d’avoir reçu, d’avoir appris. Des chants marins ont ponctué les différentes interventions. Le monde de la mer n’est pas celui des terriens. L’heure était au partage, à la convivialité, mais aussi à l’information et aux interrogations. Ici et là-bas, terre et mer sont solidaires. Nous sommes acteurs dans cette solidarité.