JOURNÉES d’ÉTUDE PORTS, PLAISANCE, COURSE AU LARGE
MER AVENIR Y ETAIT
« Ports, plaisance et course au large » . Thème de deux journées d’étude organisées par le centre de droit maritime et océanique de l’Université de Nantes. C’était les 3 et 4 novembre 2016 aux Sables-d’Olonne, auditorium St Michel, juste avant la 8ème édition du Vendée-Globe. Meravenir y était invité.
Le premier jour, parmi les sujets traités jusqu’à l’heure du déjeuner : la notion de port dans la longue durée, au Moyen Âge, dans l’ordonnance de 1681 avec Colbert, et à l’époque contemporaine. Un port, un havre est-ce la même réalité ? Comment ont évolué les mots et les usages? Les conditions juridiques et financières des aménagements des ports, quelles sont-elles ?
L’après-midi a fait appel à la géographie et au droit. Un port, c’est quoi ? Juriste et géographe, chacun a sa définition. Le tourisme d’affaires, l’économie bleue, l’écologie urbaine font bouger la « ville-port » vers la « ville flottante ». L’exemple des ports brésiliens et la façade portuaire iranienne illustrent l’impact écologique des aménagements portuaires. Les ports sont émetteurs de substances toxiques, même si l’usage de l’antifulling pour le carénage des bateaux et le rejet des boues de dragages prennent de plus en plus en compte le respect de l’environnement marin, mais il reste à solutionner la qualité physico-chimique de ces sédiments (contamination en éléments traces métalliques, HAP « Les HydrocarburesAromatiques Polycycliques », PCB « Les polychlorobiphényles », PCT « les polychloroterphényles, comme le précise le président de Meravenir.
Le deuxième jour s’est ouvert sur la spécificité des PORTS DE PLAISANCE et les PROBLÈMES D’AMÉNAGEMENT
La plaisance moderne commence au début du 19ème siècle, d’abord par une pratique mondaine, même s’il existe du canotage plus populaire et des régates de pêcheurs.
Aujourd’hui un vide laissé par le commerce, l’armée ou même la pêche dans certains ports, amène une reconversion partielle ou totale dans l’accueil de la plaisance. Ainsi dès les années soixante, à Concarneau, Morlaix, Camaret ; le concept de « marina » émerge vers 1960 ; Cannes, premier port de plaisance en site propre en 1965.
Aménagement planifié sur les côtes du Languedoc sur 4 départements : 1969.
A la même époque des plans neige se développent en montagne avec la création de complexes comme à « La Plagne »
Du concept marina après port-Crouesty, (un bassin creusé et de l’habitat construit autour) on passe à des ports en projections sur la mer : (Port Halinguen, Pornic, Bourgenay), à des ports construits en retrait du trait de côte comme à Port La Forêt et dans le projet en cours à Bretignolles.
Des ports en site naturel abrités comme la Roche Bernard nécessitent moins d’aménagements.
De nouveaux concepts apparaissent avec les ports à sec pour le motonautisme. Certains sont futuristes : parkings à bateau sur plusieurs étages
Il y a 370 ports de plaisance en France pour 165 000 places à flot recensées, avec plus d’un million de navires immatriculés, mais seulement la moitié est en état de naviguer. Un grand nombre ne sont pas dans les ports de plaisance, ainsi les semi-rigides, ces bateaux qui roulent et que l’on accroche derrière la voiture. D’autres sont remisés hors-saison dans un jardin.
Va t on vers une saturation ? En fait les listes d’attente sont encore longues et le projet de port à Bretignolles garde toute sa pertinence selon Christophe Chabot, maire de la commune et président de la communauté d’agglomération de St Gilles-Croix de Vie. Ce projet vise à boiser et reboiser, se veut un frein à l’urbanisation : il a été validé par le vote de la population. De plus, situé à l’intérieur, il n’a pas d’emprise sur la mer et pourra s’autofinancer.
Ce port sera le deuxième bassin d’un port regroupant St Gilles et Bretignolles ; selon Bruno Vincent, directeur du port de St Gilles il a fallu l’arrivée du Vendée Globe pour que la Vendée, département très longtemps tourné vers la terre, s’approprie son littoral. Travailler à ce qu’aujourd’hui la population locale s’approprie aussi le port.
Par l’éducation au nautisme, démontrer qu’il y a autre chose que la plage ou le surf. Pour un jeune il n’est pas plus cher de s’inscrire à une école de voile qu’à un club de foot. Développer l’idée d’apprentissage et non seulement d’usage. En fait les usagers qui sont propriétaires sont âgés, les plus jeunes se dirigeant vers la location, plus souple et pas nécessairement plus onéreuse au total.
Le port est un lieu où le rêve s’investit, une mythologie. Le port de plaisance est de plus en plus conçu pour des non-plaisanciers, car on aime voir des bateaux. C’est aussi une image, une vitrine pour une ville, surtout pour celles qui ont une dimension patrimoniale forte.
A St Gilles-Croix de Vie la communauté de communes s’emploie à gérer ensemble gérer pèche, tourisme, nautisme,
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LA COURSE AU LARGE
Trouve t on, dans l’antiquité grecque et romaine, l’appel du large, ce plaisir d’aller sur l’eau et les prémices de la course au large?
Pour Ulysse dans l’Odyssée ce voyage, il ne l’a pas choisi, il s’était imposé : un voyage initiatique, un poème de la solitude, poème de la traversée de l’ailleurs. Ulysse cesse de voir la terre : fascination pour le large.
François Le Penuizic fait appel à la littérature latine, une lettre de Pline, en Afrique du Nord.
Virgile : « jeux funèbres » à la mémoire du père décédé, avec une régate glorifiée sur 180 vers où il est question d’un « rocher qui émerge plat et ensoleillé, propice aux plongeons.»
« Au son de la trompette : tous s’élancent sur les flots remués par les mains des rameurs. »
Il relève un conseil de Fronton à Marc Aurèle à propos des « rameurs et ceux qui leur donnent la cadence », les aventures d’Antoine, à partir de la galère de Cléopâtre, Suétone et le grand luxe en mer.
Sénèque, déconseille de confier à Néron des navires qui soient des navires de guerre.
Quant aux Dioscures leur bateau finit sa carrière sur les bords du lac.
C’est la rencontre de deux très vieilles inclinations : le plaisir d’aller sur l’eau et celui d’aller très vite.
Avec la fin du Moyen-âge et la Renaissance, c’est l’avènement des grands Royaumes et des cités marchandes, l’avènement de la thalassocratie avec la République de Venise. On construit des bateaux de chasse, légers pour lutter contre les pirates. Des bateaux de plus en plus luxueux au profil très rapide dans une dynamique d’apparat qui symbolise la puissance : ainsi quand Charles IX vient à Nantes
Au XIX siècle, une nouvelle approche dans une logique sportive, mais aussi de nouveaux mouvements qui mettent l’individu en dialogue avec la nature au temps du romantisme
Ce sont les premiers yacht-clubs avec des compétitions d’avirons et des régates.
Aujourd’hui une course au large, comme le Vendée Globe se veut totalement sportive, totalement compétitive et comportant des règles cumulées, édictées par la Fédération Internationale de voile, encadrant une liberté de naviguer en haute mer, (CMB, art 87) précisant une convention pour s’affronter en haute mer. C’est une COURSE QUI MAGNIFIE L’HOMME FACE AU PÉRIL DE LA MER. Une règle générale stipule que tout navire doit assurer une veille constante et de tous les instants. Dans l’exception de la course au large des systèmes d’alerte sophistiqués tentent d’y suppléer.
Des expérimentations du Vendée Globe préparent le navire du futur qui devrait consommer moins, que ce soit au commerce, à la pêche ou à la plaisance. Au Canada on expérimente un chalutier avec kite. Des catas à foils en sortant de l’eau deviennent des bateaux volants sur l’eau. La sécurité est en progression.
Avec « Innovation Yachts », implanté aux Sables-d’Olonne, Norbert Sedlacek travaille sur un nouveau concept de matériau durable et recyclable. La fabrication d’un 60 pieds pour le projet Ant-artic-lab, prépare un tour du monde différent (par l’Artique), sans escale, seul, et sans assistance.
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Au terme de ces deux jours d’interventions judicieuses et documentées, il revenait à François Mandin, modérateur, de tirer quelques conclusions. C’était l’avant-veille du départ du Vendée-Globe. La foule continuait d’affluer au village ouvert au public près du ponton de la course.
D’autres modérateurs pour ces deux jours : Patrick Chaumette et Sylviane LLinarès, Brunot Marnot, Frantz Mynard, Yves-Marie Paulet. Avec au programme, un riche panel d’intervenants : Mathias Tranchant, Dominique Gaurier, Gérard Le Bouedec, Bruno Marnot, Eric Foulquier, Claire-Elise Michard, Nathalie Bétourné, Raphaël Wianna, Jacques Grall, Michel Auffret, Amin Hamed, Nicolas Bernard, Robert Rézenthel, Bruno Vincent, Christophe Chabot, François Le Penuizic, Frantz Mynard, François Mandin, Jérôme Heilikman, Paul Lachkine, Norbert Sedlacek, Christophe Lino, Christophe Gaumont, Patrick Leblanc et Jean-Yves Chauve.
Notes : claudebabarit@orange.fr