Chère lectrice, chers lecteurs

Les Dieux et tous ceux qui ont voué leur vie aux immensités océanes, devraient s’inviter à

toutes les réunions ayant pour thème : l’Avenir maritime de la France, le deuxième pays au monde par sa surface en eau salée. Cet ensemble de principes, de connaissances, d’expériences, d’idées … cette théorie je l’appelle : l’Esprit marin !

Afin de préparer sereinement ces grands dossiers, au coeur des abysses, dans la demeure

brillante, étincelante, éternelle du Dieu des mers s’est tenue l’assemblée générale des esprits des peuples de la mer, présidée par Poséidon (Neptune) fils de Cronos : sa puissance est presque égale à celle de son frère Zeus.

Les Grecs, qui furent de tous temps un peuple de pêcheurs, de marins, de commerçants

hardis, même de colonisateurs, révéraient Poséidon. Tous les quatre ans, on célébrait en son honneur, non loin de Corinthe, des jeux prestigieux appelés les Jeux Isthmiques. D’habitude, Poséidon revêtait son armure d’or, un fouet brillant à la main, pour encourager ses chevaux aux pieds d’airain, au vol rapide, à l’abondante crinière d’or, afin de lancer son char sur les flots.

La mer bougeait, tremblait, l’écume des naseaux se mélangeait avec celle de l’océan, les

monstres marins bondissaient tout autour de lui et la mer, fière de son Dieu, s’ouvrait sur son passage. Il passe si vite que l’on peut en entendre le galop de son attelage : fermez les yeux, écoutez les déferlantes s’écraser, c’est le char glorieux de Poséidon qui furieusement longe les côtes !

A la recherche de l’Esprit marin :

( ou la première assemblée maritime de l’année 2018 !)

Il peut être le dieu de la navigation facile, celui qui apaise les flots, calme leurs colères. Le

plus souvent, on le conçoit comme un dieu farouche, aux caprices redoutables, à la fureur

terrible. C’est lui qui essaie de perdre Ulysse dans l’Odyssée en rassemblant les nuages, en déchaînant les vents, pour soulever les flots. Il n’hésite pas à faire jaillir des abîmes des monstres redoutables, comme les taureaux de Marathon ou de Crète et le dragon meurtrier d’Hippolyte, symboles des vagues, des tempêtes, des raz-de-marée dévastateurs. D’un coup de son trident, il peut bouleverser la terre, créer des séismes, fendre les montagnes, faire surgir des îles nouvelles. Il peut aussi faire preuve d’amabilité et donner naissance à des sources fécondantes et intarissables comme la fontaine de Lerne. N’oublions pas que sa femme est la belle Amphitrite.

Je ne peux m’empêcher de vous raconter leur rencontre : « C’est sur l’île de Naxos que le dieu tomba amoureux lorsqu’il vit danser Amphitrite ; celle-ci le fuit et

alla se réfugier auprès du Titan Atlas. Poséidon dépêcha de nombreux serviteurs à sa

recherche. L’un d’eux, Delphinos la retrouva et plaida si bien la cause de son maître

qu’Amphitrite accepta de l’épouser. (Pour récompenser son messager, Poséidon le transporta au ciel où il devint la constellation du Dauphin.)

Poséidon déplorait souvent l’absence totale des préoccupations maritimes des différents

gouvernements côtiers. En France, le dernier grand serviteur de la mer fut Georges Leygues

(1857 – 1933), dix fois ministre de la Marine entre les années 1925 et 1933.

Poséidon convoqua les divinités de la mer. Il y avait là, le vénérable Nérée, dit le vieillard

de la mer ; les marins l’aimaient bien, il représentait des images de la mer en mouvement, mais d’une mer douce à l’homme, qui se prêtait complaisamment à ses entreprises, favorisait le goût de l’aventure et sans oublier sa passion du gain. Ce « vieux marin » a cinquante filles, les Néréides, symbole des grâces, de la séduction de l’Océan. Quand la brise enfle la mer, les Grecs disent que les filles de Nérée sortent des profondes demeures de leur père, qu’elles émergent à la surface des flots dans tout l’éclat de leur fraîcheur virginale, qu’elles abordent sur les côtes, dans les baies, aux bouches des fleuves, où elles forment leurs choeurs de danses, et la terre et l’eau retentissent du bruit de leurs chants.

Protée ne put s’empêcher d’assister à cette réunion poséidienne, lui qui est célèbre par ses

métamorphoses de dieu marin, exprime l’aspect changeant des vagues furtives, insaisissables, qui prennent les formes les plus diverses, jusqu’au moment où, enchaînées par le calme des

vents, elles s’endorment sur le rivage.

Un autre fils du dieu des mers, Triton avec sa coquille marine a enjoint tous les participants

à gagner le palais de son père. Vous pouvez encore entendre dans les gros coquillages l’écho des mugissements de l’océan dès que vous l’approchez de votre oreille.

Une autre divinité est présente, Glaucos, pêcheur de son métier, est l’un des fils de

Poséidon. À l’origine il n’était qu’un simple mortel qui périt en mer au large de la Grèce.

Comme il ne revenait pas, les gens de la côte se mirent à raconter qu’il habitait avec son père et qu’il ne reviendrait jamais. On lui attribue le flot bleu qui reflète l’azur du ciel.

Une ribambelle de sirènes sont présentes, une façon de détendre l’ambiance avec leurs voix enchanteresses de séductrices trompeuses. Elles sont ravissantes et Poséidon se méfie d’elles, comme l’ami Ulysse. Ce dernier avait bien failli tomber dans leurs sortilèges s’il ne s’était attaché au mât de son navire avec de la cire dans les oreilles.

Il y a aussi Charybde et Scylla, les gardiennes cruelles de Détroit de Sicile ; plus une peuplade de serviteurs marins ou semi-marins.

Le Dieu des mers a aussi invité toutes les grandes âmes maritimes qui ont rejoint l’éternité océanique au cours des siècles passés. Il y a là : Saint Nicolas patron des marins ; des corsaires, amiraux, officiers de marine et officiers mariniers ; des capitaines au long cours, officiers pont, et des matelots ; des chefs mécaniciens avec leur équipage machine ; des personnels hotelier ; des capitaines et patron de pêche, des pêcheurs ; des femmes et familles de marins ; des écrivains de la mer, poètes ; armateurs ;

grands industriels et ouvriers des chantiers navals des différents peuples des mers de la planète.

Le maître des mers déplorait l’envie de l’espèce humaine de vouloir aller toujours plus vite

sur l’eau au moyen d’engins de plus en plus grands, souvent puants et polluants. Il peut leur

envoyer des vents favorables pour faciliter leurs déplacements sur l’eau salée. Poséidon

demanda à Borée (Aquilon), dieu du vent du nord, Euros(Cupidon) dieu du vent d’est ; Notos (Auster), idole du vent du sud, Zéphir (Favonius) étant la divinité du vent d’ouest et Éole (Aeolus), le seigneur et maître des vents et des tempêtes, de lui présenter les avantages de la propulsion utilisant les courants d’air traversant les océans.

Poséidon savait l’espèce humaine avide à satiété de biens éphémères, adoratrice d’Hermès

(Mercure) messager des dieux, inventeur des poids et mesures, porte-parole des dieux, gardiens des routes et carrefours, divinité des voyageurs, des commerçants, des voleurs, des prostituées et des orateurs. Les âmes qui l’accompagnent étaient destinées aux Enfers, les hommes l’avaient oublié.

Poséidon demanda à Pan (Faunus), le dieu de la nature, de présenter les ravages des

pollutions terrestres déversées dans la mer, qui perturbaient ses habitants, salissent les rivages,

empuantissent les ports et rades, surtout avec des produits trafiqués chimiquement parlant. Il invita aussi les déesses Gaïa (Tellus ou Terra) de la terre et Déméter (Cérès) qui s’occupaient de la nature, de l’agriculture et de la fertilité, pour parler de l’essor démographique prévu sur le littoral par des éminents démographes de tous pays. Comment assimiler, assurer la sécurité et nourrir tous ces gens sur une aussi petite bande de terre sans tout démolir ?

La possibilité d’avoir une économie maritime performante fut abordée. Cet enjeu très important recouvre la qualité et la durabilité des pêches, des aquacultures, des énergies marines, du développement des marines marchandes. Bref, cela concerne tout ce qui est nécessaire à la vie sur notre objet céleste. Vaste programme, remarqua Zeus du haut de sa montagne !

Une voix émanant d’un poète des océans se fit entendre, elle n’était pas discordante et se voulait prémonitoire : « Dieu des mers ! Ne craignez-vous pas que comme à leur habitude, les hommes parleront, débattront beaucoup plus de projets de haute technicité, laissant l’impression que les habitants des pays maritimes seront oubliés ? » Accompagné de sa lyre, notre aède avait l’habitude de célébrer les dieux et les héros et à travers eux l’humanité, il pensait qu’il était urgent de replacer les hommes face à l’océan, il rajouta :

« Que savons-nous de leur désir de mer, et d’abord en ont-ils un ? »

Poséidon déclara qu’il était urgent que l’on insufflât l’Esprit marin nécessaire à toute grande nation océane, il rajouta : « esprit souvent supplanté par celui de la terre et submergé par les idées techniques. » Quelques esprits maritimes émirent l’idée qu’il ne serait pas accessoire de penser à long terme avant de commencer à compter !

Soudain, le souffle sacré du large atteignit l’âme d’un ancien marin, devenu sur le tard

littérateur de la mer qui proposa que l’on recherchât chez les écrivains les pages qui

permettaient de mieux apprécier les hommes de mer et leur milieu. Il proposa l’Homme devant l’Océan, un ouvrage écrit par Roger Vercel.

– L’homme et son émoi. « L’homme se confronte avec la mer, soit qu’il la contemple du

rivage, soit à bord du navire, il médite sur elle et sur lui, se laisse envahir jusqu’au coeur par

sa présence.

Son attitude, aussi diverse qu’elle soit : angoisse et peur millénaires retrouvées, sentiment cruel de la solitude et du désert marins, des risques que tient en réserve l’Océan, des renoncements qu’il exige. Mais, également, attrait du large et de sa liberté, enchantement de la beauté marine, douceur et l’immense asile qu’offre la mer à ceux qui aiment le rêve et redoutent les

meurtrissures de la vie.

– l’homme de mer. « Chez le maître du navire, des qualités de chef :

l’énergie d’un coeur infatigable, une sollicitude capable de cacher à de moins bien armés les plus tragiques menaces.

Chez les matelots, une surhumaine endurance, le sens de l’équipage et de

la discipline, le contentement des humbles joies que peut offrir le bord, le goût du rêve, parfois. »

– Périls. « Que le danger de mer offre à l’écrivain comme au lecteur la plus riche grammaire

d’émotions qui soit. Il est imprévu, divers ; il est de ceux auxquels on espère toujours échapper et qui réserve des « rebondissements ». Une tempête se compose comme une tragédie : elle a son exposition, son noeud, son dénouement, jusqu’à ses cris. »

– Le navire. « Trois belles choses au monde, disaient les long-courriers : une jolie femme qui marche, un pur-sang au galop, un voilier grand largue.

– La pêche. « Dès les premiers âges, au large, l’homme utilise le harpon pour chasser la

baleine, les filets et lignes n’intervinrent que bien plus tard. La pêche côtière ramasse le poisson riverain. Mais qu’en est-il aujourd’hui ? La pêche côtière a de grandes difficultés et

pratiquement disparaît de certains littoraux, les hommes ont-ils tous conscience qu’une partie de l’avenir alimentaire viendra de la mer quand ils auront épuisé les terres avec leurs engrais, qui malheureusement se déversent dans les fleuves et ensuite en mer.

– Les voyages. C’est le commandant Charcot qui confiait à Vercel sur le paquebot La Fayette, trois semaines avant son naufrage : « Bon voyage, resquilleur ! » – Resquilleur, exactement. Le touriste monte aujourd’hui à la banquise ou descend, par un raccourci, jusqu’à la féérie

cinghalaise, sans avoir payé, j’entends : au prix que durent acquitter les explorateurs et les

marins qui lui ont conquis la route et calé son fauteuil sur le

pont. »

Vous allez me dire :

– Mais, l’Esprit marin …c’est quoi au juste ?

– C’est le ressenti que vous éprouverez où que vous soyez en

France ou ailleurs, dès que vous vous sentirez concerné par : sa

littérature maritime ; l’émotion ou la crainte que vous éprouvez, face à la beauté des paysagesaux couleurs changeantes ; les rencontres avec les peuples de la mer aux multiples réalisationsartistiques et techniques comme la construction d’un beau navire ; etc.

– Soyez en sûr, l’Esprit marin est en vous !

En France, si nous arrivons à faire mentir Éric Tabarly qui affirmait : « La mer, pour les

Français, c’est ce qu’ils ont dans le dos quand ils regardent la plage ! », notre pays sera

parfaitement équilibré entre terre et mer sur la planète bleue dont parlait le poète Paul Eluard.

Oui, avec l’aide de l’Esprit marin !

René Moniot Beaumont

 

René Moniot Beaumont
Littérateur de la mer
Janvier 2018

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